Une "traduction
visuelle" du poème de
Brian Merriman
Pauline Bewick est une artiste atypique. Elle expose
en ce moment 11 toiles de grande taille au Centre Culturel
Irlandais : la retranscription picturale d'un poème
controversé datant de 1780...
Illustrer un poème irlandais de la fin du 18ème
siècle n'est pas chose évidente, mais Pauline
Bewick s'est attelée à cette tâche avec
passion. Rectifions cependant: le travail de cette peintre
ne se résume pas à une illustration. Non, il
s'agit d'une traduction visuelle du poème controversé
"The Midnight Court" que Brian Merriman rédigea
en 1780.
Sans doute, pour donner vie à cette légende
qui se nourrit de mythologie celtique, fallait-il connaître
Eireann sur le bout des doigts. Cela tombe bien. Pauline Bewick
vit en Irlande depuis 1937. Elle a sillonné le pays
de long en large, y compris en péniche et en caravane.
Et elle réside dans le comté de Kerry depuis
34 ans. Ajoutons à cela un coup de pinceau très
particulier, un esprit libre, une carrière prolifique
depuis son enfance
Pas de doute, elle était à
la fois la personne et l'artiste idéale pour réaliser ces onze peintures de grande taille,
dont le vernissage a eu lieu mardi 29 avril en fin d'après-midi
au Centre Culturel Irlandais.
On se presse autour des toiles. Pas forcément facile,
au premier abord, de distinguer une cohérence entre
elles. Bien sûr, on reconnaît des paysages d'Irlande
à l'arrière plan de plusieurs des tableaux présentés
: la campagne d'Eire, un Loch, les collines typiques de l'Ile
d'émeraude. On sourit devant la nudité affichée
de plusieurs personnages. Et on perçoit dans certains
d'entre eux les traits des personnages féeriques qui
peuplent les contes celtiques. Mais l'exposé de Pauline
Bewick donne tout son sens à l'exposition. Les peintures,
bien entendu, ne sont pas disposées par hasard : chacune
est la narration d'une partie du poème de Merriman.
Celui-ci, initialement rédigé en Gaélique,
est à sa manière une ode à l'amour et
à la fécondité. Un poète, qui
s'endort au bord du Loch Grainey, dans le comté
de Clare, se retrouve transporté en rêve dans
un tribunal de conte de fée. Celui-ci s'est vu confier
la tâche de juger les hommes d'Irlande, accusés
de ne pas être capables de peupler l'Ile. Et le verdict
est cinglant : les femmes sont autorisées à
capturer tout les hommes d'âge mûr pour les forcer
à accepter le mariage... quitte à les y contraindre
en les battant. Fort heureusement, notre poète s'éveille
à temps pour éviter la punition.
Sur des toiles d'acrylique, le trait de Pauline Bewick a su
donner corps au texte du poète, ainsi qu'à ses
références et son humour. Les personnages de
Merriman se succèdent sur les peintures : le vieil
homme trompé, la ravissante sheebhean, le bébé
né d'une union libre
Les scènes sont parfois
spectaculaires - le tribunal entouré de flammes -,
parfois cocasses - un homme nu aux attributs pendants regardant
fixement une belle endormie. Les couleurs semblent crier :
elles évoquent la vie, autant que ce couple nu qui
s'enlace sur l'une des dernières toiles.
Le vernissage prend fin sur la lecture d'un extrait du poème
par le professeur Kieran Byrne. En Anglais, oui. Mais aussi
et surtout en Irish, comme pour faire écho aux lettres
dorées qui ornent le cadre de chaque tableau.
The Midnight court Pauline Bewick, au Centre
Culturel Irlandais.
Exposition jusqu'au 23 mai 2008 : du mardi au
samedi de 14h à 18h, le mercredi jusqu'à
20h, le dimanche de 12h30 à 14h30, fermé
le lundi et les jours feriés |
© Copyright Irish Eyes
TOP
|